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Axe 1 | Valeur intangible et utilité des soins
Mots-clefs : relation, valeur intangible, pertinence des soins
Dans la chronologie de la formulation des approches centrées-patient, ce sont les composantes relationnelles du soin qui sont d’abord mises en avant. Une meilleure communication doit permettre de produire de meilleurs résultats en termes de guérison, à tout le moins de vécu de la maladie. L’empathie peut avoir sa pertinence du point de vue de la philosophie morale, mais plus encore nous formulons l’hypothèse qu’il existe une économie de la relation dans le soin. Le temps des interactions signifiantes est un investissement dans l’état de santé global de la personne. Les compétences relationnelles font partie intégrante des savoir-faire médicaux, et parachèvent une forme de leadership éthique au sein des organisations de santé.
Notre société contemporaine est marquée par la prédominance de la rationalité utilitariste, une tendance qui a pu être qualifiée d’économisme. Dans cette optique, ce qui fait la valeur économique, c’est la capacité à générer un bénéfice économique mesurable. La notion de performance pousse à atteindre de meilleurs résultats avec le moins de moyens possible. Une « confiance dans les chiffres » se diffuse dans de nombreux secteurs. Cette injonction est-elle efficace dans le secteur de la santé ? Le système de paiement à l’acte conduit à une multiplication des actes, et donc à une inflation des coûts. D’où une réflexion sur la pertinence des soins. Si un acte inutile est généralement associé à un acte injustifié du point de vue médical, l’est-il des autres points de vue des parties prenantes du soin ? Un acte non indispensable n’est-il pas une source de revenus pour l’organisation de soin ? N’est-il pas une forme de réassurance pour un malade angoissé ? Cette multiplication des points de vue doit nous amener à repenser la notion d’utilité. L’utile à la personne soutient la constitution du sujet en soin et en soi. À la rationalité utilitariste pourrait être opposée une forme de raison humaniste. La médecine n’est plus la seule instance à dire ce qui vaut pour le soin. Les coûts de santé, par ailleurs, sont aussi des revenus… La valeur du soin ne saurait être prise en compte à sa seule valeur faciale.
Comment alors dégager ces autres dimensions de la valeur ? Avec quels outils faire lumière sur la valeur cachée du soin ? Les sciences de gestion offrent, notamment en finance, des outils pour intégrer le non mesurable dans les stratégies d’entreprise. La quantification des ressources intangibles, telles que les personnes, les informations et les relations de clientèle constituait le cœur de l’approche par tableau de bord prospectif ou balanced scorecard. C’était là une manière d’affirmer que la performance ne pouvait se mesurer à la seule aune des résultats financiers. Nous situons l’évaluation extra-financière au cœur des enjeux de l’évaluation économique. Dans cette optique, le « management des intangibles » peut servir de point de départ à l’identification de la ressource la plus valorisable d’une organisation, bien que celui-ci nous confronte à la « mesure de l’inmesurable ». La notion d’intangibles a été formée dans le champ financier pour désigner les mécanismes organisationnels et relationnels par lesquels la valeur est créée sur le marché. Le management des activités intangibles pourrait être une voie pour évaluer la valeur relationnelle dans les organisations de soins, en particulier dans un contexte où l’approche managériale est dominante.
Malgré sa commodification, la relation de soin ne se limite pas à une prestation de service. Elle se déploie dans une présence à l’autre qui ne saurait se réduire à des techniques de communication. Le corpus philosophique nous invite à approfondir cette réflexion sur l’intangible du soin. Les enjeux débordent sur l’indicible de la maladie, et de ce qui se joue, finalement, dans la relation de soin. Les gestes non techniques apportent une dimension non seulement supplémentaire, mais essentielle à l’efficacité du soin. Bien que marqués par l’incertitude, cette incertitude même peut générer sa propre valeur ajoutée. Il s’agira donc d’explorer les ressorts et les ressources d’une anthropologie de la vulnérabilité entrant en relation critique avec un économisme qui rabattent les valeurs du soin à la seule idée du prix, et le don à un simple échange. La méthode de mesure de la valeur ajoutée que nous envisageons pourrait prendre pour point de départ les travaux d’analyse de la chaîne de valeur dont les principes ont été posés par Michael Porter. Elle supposera un suivi une personne au long cours, dans une trajectoire allant au-delà de la thérapeutique.
Notre société contemporaine est marquée par la prédominance de la rationalité utilitariste, une tendance qui a pu être qualifiée d’économisme. Dans cette optique, ce qui fait la valeur économique, c’est la capacité à générer un bénéfice économique mesurable. La notion de performance pousse à atteindre de meilleurs résultats avec le moins de moyens possible. Une « confiance dans les chiffres » se diffuse dans de nombreux secteurs. Cette injonction est-elle efficace dans le secteur de la santé ? Le système de paiement à l’acte conduit à une multiplication des actes, et donc à une inflation des coûts. D’où une réflexion sur la pertinence des soins. Si un acte inutile est généralement associé à un acte injustifié du point de vue médical, l’est-il des autres points de vue des parties prenantes du soin ? Un acte non indispensable n’est-il pas une source de revenus pour l’organisation de soin ? N’est-il pas une forme de réassurance pour un malade angoissé ? Cette multiplication des points de vue doit nous amener à repenser la notion d’utilité. L’utile à la personne soutient la constitution du sujet en soin et en soi. À la rationalité utilitariste pourrait être opposée une forme de raison humaniste. La médecine n’est plus la seule instance à dire ce qui vaut pour le soin. Les coûts de santé, par ailleurs, sont aussi des revenus… La valeur du soin ne saurait être prise en compte à sa seule valeur faciale.
Comment alors dégager ces autres dimensions de la valeur ? Avec quels outils faire lumière sur la valeur cachée du soin ? Les sciences de gestion offrent, notamment en finance, des outils pour intégrer le non mesurable dans les stratégies d’entreprise. La quantification des ressources intangibles, telles que les personnes, les informations et les relations de clientèle constituait le cœur de l’approche par tableau de bord prospectif ou balanced scorecard. C’était là une manière d’affirmer que la performance ne pouvait se mesurer à la seule aune des résultats financiers. Nous situons l’évaluation extra-financière au cœur des enjeux de l’évaluation économique. Dans cette optique, le « management des intangibles » peut servir de point de départ à l’identification de la ressource la plus valorisable d’une organisation, bien que celui-ci nous confronte à la « mesure de l’inmesurable ». La notion d’intangibles a été formée dans le champ financier pour désigner les mécanismes organisationnels et relationnels par lesquels la valeur est créée sur le marché. Le management des activités intangibles pourrait être une voie pour évaluer la valeur relationnelle dans les organisations de soins, en particulier dans un contexte où l’approche managériale est dominante.
Malgré sa commodification, la relation de soin ne se limite pas à une prestation de service. Elle se déploie dans une présence à l’autre qui ne saurait se réduire à des techniques de communication. Le corpus philosophique nous invite à approfondir cette réflexion sur l’intangible du soin. Les enjeux débordent sur l’indicible de la maladie, et de ce qui se joue, finalement, dans la relation de soin. Les gestes non techniques apportent une dimension non seulement supplémentaire, mais essentielle à l’efficacité du soin. Bien que marqués par l’incertitude, cette incertitude même peut générer sa propre valeur ajoutée. Il s’agira donc d’explorer les ressorts et les ressources d’une anthropologie de la vulnérabilité entrant en relation critique avec un économisme qui rabattent les valeurs du soin à la seule idée du prix, et le don à un simple échange. La méthode de mesure de la valeur ajoutée que nous envisageons pourrait prendre pour point de départ les travaux d’analyse de la chaîne de valeur dont les principes ont été posés par Michael Porter. Elle supposera un suivi une personne au long cours, dans une trajectoire allant au-delà de la thérapeutique.
Pour aller plus loin
- Jean-Philippe PIERRON, Vulnérabilité. Pour une philosophie du soin, Paris, PUF, 2010.
- Jean-Philippe PIERRON, Didier VINOT, Elisa CHELLE (dir.), Les valeurs du soin. Enjeux éthiques, économiques et politiques, Paris, Seli Arslan, 2018.