Thèses

Thèses soutenues

Nathalie Vallet-Renart : Le retour au travail des salariés touchés par un cancer : le care pour articuler performance et vulnérabilité

 

Thèse sous la direction de Jean-Philippe Pierron et de Didier Vinot, soutenue le 31 août 2023.

Cette thèse se propose d’analyser la valeur de la relation en milieu professionnel, dans les situations impactées par un cancer.
Les représentations sociales du cancer sont liées à la mort. La personne concernée prend conscience de sa vulnérabilité et de la fragilité de la vie, tandis que son entourage professionnel, en se projetant dans la situation manifeste compassion et désarroi. La peur engendre des maladresses interpersonnelles dans un univers où la maladie n’a pas lieu d’être, où la performance économique, nécessaire à la continuité de l’activité, dérive aussi en obsession du chiffre.
Le milieu professionnel parle désormais de performance sociale. Pour autant, est-il un lieu de soin ? L’éthique du care de J. Tronto permettra de préciser les modalités d’un soin adapté à ce contexte spécifique qu’est l’entreprise.
Ce travail a pour point de départ l’hypothèse suivante : la qualité de la relation est non seulement essentielle, mais prévaut sur une possible adaptation de l’organisation à la situation. Elle induit le contenu de la rencontre, singulière, comme réponse adaptée, là où les processus encadrent le retour au travail de manière désincarnée.
La méthodologie d’enquête pour répondre à cette question de recherche est qualitative. Par des entretiens semi-directifs, il s’agira de sonder le vécu d’un échantillon de personnes ayant traversé l’épreuve du cancer et ayant repris une activité professionnelle.
Quelle forme d’attention ont-elles relevé à leur égard ? En quoi celle-ci les a-t-elle aidées à se maintenir ou à revenir au travail ? Dès lors, l’attention s’exprimerait dans un double langage performatif, selon J. L. Austin : celui des relations interpersonnelles, et celui de l’organisation, permettant le passage de l’élan de compassion à un agir juste et bénéfique pour la personne comme pour son milieu professionnel. La relation se constituerait alors en bien commun, au sens que lui a donné Martha Nussbaum.
 

Soutenance thèse Roxane

Roxane Tibi : Accompagnement d’un patient de culture du Maghreb en fin de vie d’un cancer. Spécificités, tensions, richesses pour les soignants de culture du Maghreb issus de la 2nd génération

 

Thèse d'exercice de médecine générale, sous la direction de Gisèle Chvetzoff et Claire Harpet, soutenue le 16 juin 2023.
 

Etudier les relations qu’il existe entre le soignant français originaire du Maghreb (seconde génération) et les patients et leurs familles, elles même aussi originaire du Maghreb, lors de la prise en charge en soins palliatifs.
Etudier l’influence que peut avoir cette culture mixte, à la fois française et du Maghreb, sur leur vision de l’accompagnement en fin de vie.

 le 16 juin 2023 pour le diplôme de



María Grace Salamanca González : Soin et résistance en anthropocène. L’éthique du care médical et environnemental à partir de l'exemple de la médecine florale

Thèse de philosophie, sous la direction de Jean-Philippe Pierron et de Paul Hersch Martinez, soutenue le 29 juin 2021.

Cette thèse cherche à montrer le lien entre la philosophie du care et l'usage de la phytothérapie dans sa portée politique, telle que la comprend l'endobiogénie. L'étude est interdisciplinaire.
D’un point de vue philosophique, le postulat de départ est que la condition humaine est vulnérable et inconditionnellement relationnelle, ce qui permet d'élaborer une épistémologie de la relation à l’autre, ainsi qu'une éthique et une politique susceptibles de la préserver et de la promouvoir.
Par ailleurs, la thèse reprend les élaborations de l'épidémiologie socioculturelle qui montrent les différents domaines en jeu dans la compréhension de la maladie, du diagnostic et des options thérapeutiques.
En ce qui concerne la méthodologie, ce travail se réfère aux approches des "méthodologies horizontales", qui considèrent que l’élaboration du savoir est une façon d’agir dans le monde, avec des implications politiques qui ne sont pas exemptes de certains rapports de pouvoir, ce qui rend fondamentale une réflexion d'ordre éthique dans la recherche.
Il s'agit ici de montrer que dans l'usage autonome que chacun peut faire des plantes avec un objectif thérapeutique, pourrait se trouver le germe d'une politique du care qui soit relationnelle, et qui permette de préserver davantage de vies, et des conditions de vie plus humaines.




Brenda Bogaert : Le patient acteur de sa vie : vers une approche collaborative avec le patient
intégration des contributions épistémiques de patients épileptiques pharmaco-résistants en France et en Chine, à travers une méthode avec les émotions et une méthode avec les capacités

Thèse de philosophie, sous la direction de Jean-Philippe Pierron, soutenue le 6 mars 2020.
 

La notion du patient acteur est aujourd’hui mise en valeur. Elle apparaît comme un droit et induit des responsabilités. Nous demandons au médecin de faire participer le patient et au patient d’apprendre et de gérer sa maladie. Néanmoins, la relation médecin-patient continue d’être source de souffrance pour le patient, le soignant, et sa famille. Créer un environnement propice pour une participation de tous les patients est aujourd’hui une priorité pour les politiques publiques. Afin de développer notre approche du patient acteur, nous proposons deux méthodes en philosophie inspirées de Martha Nussbaum, une méthode avec les émotions, et une méthode avec les capacités. Grâce à sa contribution, nous développons une approche collaborative avec le patient, le patient acteur de sa vie. Nous considérons la vie des patients dans son ensemble : c’est-à-dire les relations avec leurs familles, leurs médecins, et dans leur quotidien. Nous plaidons ainsi pour une responsabilité sociale plus large pour aider les patients à s’épanouir.

Soutenance de thèse Brenda Bogaert

Fabien Canolle : La professionnalisation au travail : dia–logue avec la Théorie Historico-Culturelle de l’Activité : le cas des jeunes chercheurs de l’Université de Lyon : recherche CIFRE avec un intermédiaire de l’emploi (RD2 Conseil)

Thèse en Gestion des ressources humaines, sous la direction de Didier Vinot, soutenue le 13 décembre 2019.

Soutenance de Fabien Canolle La thèse de Fabien Canolle a été menée en Convention Industrielle de Formation à la Recherche (CIFRE) avec un cabinet spécialisé dans le recrutement de jeunes docteurs (RD2 Conseil), au sens du Crédit d’Impôt Recherche, pour le compte d’entreprises innovantes. La demande sociale à l’origine de la CIFRE, soutenue par l’Université de Lyon (UdL), s’attardait à la co-construction et l’expérimentation d’un dispositif d’aide à l’insertion professionnelle des jeunes docteurs.
Après une phase d’exploration consistant à saisir plus précisément la demande sociale, en investiguant les dispositifs à l’œuvre au sein des universités, la thèse s’oriente vers le concept de professionnalisation au travail et la notion associée de savoirs d’action, afin d’expliquer le passage de la thèse à l’emploi hors secteur académique à l’aide de ces dispositifs. En particulier, l’ancrage théorique de la professionnalisation au travail implique de regarder comment ces dispositifs s’articulent avec l’activité de travail de recherche doctorale. Avec la théorie historico-culturelle de l’activité (TA ; dans l’école scandinave), nous visons à analyser la professionnalisation au travail des jeunes diplômés de doctorat pour mieux construire un accompagnement à l’emploi adéquat. Avec la TA, la professionnalisation au travail est regardée comme un système d’activité.
Il est mené 114 entretiens semi-directifs et 3 observations répartis sur 4 terrains en suivant une méthodologie inspirée de la théorie de l’activité (qualitative expansive) : l’investigation des pratiques de l’UdL (re-construction de l’offre de professionnalisation) et des trajectoires professionnelles de ses docteurs travaillant actuellement dans l’entreprise a permis de dégager des lignes directrices pour la co-construction d’un dispositif (au sens de Girin) de professionnalisation fondé sur des entretiens inter pares et une méthode dialogique de confrontations avec des doctorants de disciplines variées. Ces entretiens sont menés avec le doctorant CIFRE de la présente thèse. L’ensemble des données a été analysée avec l’aide du système d’activité tel que conceptualisé par la théorie de l’activité. Il est montré comment un dispositif de professionnalisation peut mener à la construction de savoirs d’action utiles pour l’emploi.
La thèse porte quatre champs de contributions : conceptuel, théorique, méthodologique et managérial.
D’abord, la recherche participe à une meilleure compréhension de la professionnalisation au travail, ayant des impacts majeurs pour la GRH et le développement des RH au travail. En particulier, elle offre des connaissances précises des pratiques de recherche et de leur valorisation en montrant les savoirs d’action créés à trois niveaux : celui de l’université, de l’activité de professionnalisation, et de l’accompagnement expérimenté. De plus, nous participons à une réflexion théorique sur la théorie de l’activité en proposant une quatrième génération, avec la contribution du concept de professionnalisation au travail. La thèse a aussi montré une autre méthodologie de recherche qualitative dialectique et expansive en partant d’une demande sociale dans un objectif de création de savoirs d’action à la fois pour la recherche et la pratique. En cela, elle propose un nouvel accompagnement professionnalisant à destination des jeunes docteurs.

Graziella Poanoui : Vers une médecine intégrative traditionnelle transculturelle en Polynésie française.

Thèse de Médecine générale sous la direction de Eric Parrat et deClaire Harpet, soutenue le 17 octobre 2019.
 

Soutenance de thèse de Graziella Poanoui Question de recherche : La médecine traditionnelle fait partie intégrante du monde polynésien. Cette médecine a longtemps été cachée, interdite, diabolisée. C’est pourtant vers cette médecine ancestrale que le patient polynésien se tourne en premier lieu lorsqu’il se retrouve confronté à une pathologie. La médecine conventionnelle intervient souvent dans un second temps.

La part culturelle du patient a une importance majeure dans la prise en charge de sa maladie. Chez les patients polynésiens, les soins traditionnels sont essentiellement réalisés à partir de décoctions de plantes médicinales (raa’u tahiti) et de massages. Cet aspect traditionnel et culturel est souvent laissé de côté lorsque le patient est pris en charge pour une pathologie en médecine conventionnelle.

Pourtant, l’organisation mondiale de la santé a défini une stratégie pour 2014-2023 pour la médecine traditionnelle. Elle y recommande la mise en place de relations entre les professionnels de santé et les tradipraticiens afin d’assurer une amélioration de la prise en charge du patient dans sa globalité.

Afin d’atteindre les objectifs essentiels de cette stratégie, une expérience préliminaire de travail en collaboration, entre les tradipraticiens et les professionnels de santé de l’unité de pneumologie du CHPf, a été menée. Celle-ci a été concluante, ce qui a conduit les professionnels de santé de l’établissement à demander son extension à d’autres services de l’hôpital.

La question posée est : la collaboration entre les tradipraticiens et des professionnels de santé dans le cadre d’un projet de médecine intégrative transculturelle est-elle faisable ? Cette question a été abordée lors d’un séminaire. Ce dernier était centré sur la rencontre entre la médecine conventionnelle et la médecine traditionnelle, étendue à d’autres thérapies complémentaires (hypnose, méditation) et au monde de la culture polynésienne.

Jean-Philippe Pierron, Cécile Ezvan, Cécile Renouard

Cécile Ezvan : Valeurs du travail et capacités relationnelles. Réflexion éthique et managériale à partir de la pensée de Martha C. Nussbaum

Thèse démarrée en 2015, sous la direction de Jean-Philippe Pierron et Cécile Renouard, soutenue le 18 octobre 2018.
Cette thèse propose une réflexion sur les valeurs du travail à partir de l’œuvre de Martha C. Nussbaum, de sa conception des capacités, de la vie bonne et de la justice. La valeur du travail y est définie en fonction de ses effets sur les capacités du travailleur et des autres partie-prenantes. Penser les valeurs du travail à partir des capacités relationnelles permet de rendre compte de dimensions essentielles que le travail permet de développer et que chaque être humain valorise : le respect de soi, la qualité des relations interpersonnelles ou les interactions positives avec le milieu naturel et culturel, de façon à préserver le bien vivre aujourd’hui et demain.
Les enjeux et les finalités du bien-vivre au travail sont ainsi éclairés, en s’appuyant sur une anthropologie et une éthique relationnelles inspirées d’Aristote et de Kant. Suivant cette approche, le travail s’inscrit aussi dans un cadre politique et institutionnel qui vise à garantir à tous l’accès aux capacités, en particulier à ceux qui en sont exclus.
En contrepoint des approches purement instrumentales de la valeur du travail, d’inspiration utilitariste et néoclassique, cette conception des valeurs du travail est centrée ses finalités, en termes de fonctionnements humains et de vie bonne, à une échelle individuelle et collective.
La portée pratique de cette recherche consiste à mettre en évidence les tensions dont le travail contemporain est l’objet et à proposer une démarche pour évaluer, de façon plus juste, les capacités des êtres humains qui y sont engagées. Elle ouvre ainsi la voie à une réflexion pour des acteurs économiques – équipes, entrepreneurs, investisseurs – qui souhaiteraient s’inspirer du cadre proposé pour faire évoluer leurs pratiques et leurs modèles économiques, en promouvant une économie qui serait davantage attentive à la qualité relationnelle entre les parties prenantes.

Thèses en cours

Nathalie Nguelet : L'hôpital public français : entre pression budgétaire et souffrance au travail

Thèse démarrée en 2015, sous la direction de Didier Vinot

Cette recherche s’intéresse à l’instauration du contrôle de gestion au sein de l’hôpital public français. D’abord, elle tente de comprendre comment le contrôle de gestion se matérialise dans le travail quotidien des professionnels de santé. Elle analyse ensuite la confrontation des professionnels de santé aux outils du contrôle de gestion, afin de comprendre en quoi cette confrontation impacte leurs conditions de travail.
Parallèlement au cadre théorique des perspectives appropriatives des outils de gestion, la recherche mobilise les approches cliniques du travail, en s’appuyant sur une lecture combinée de la psychodynamique du travail et de la clinique de l’activité.
Cette recherche qualitative, menée au sein d’un Groupement Hospitalier par le biais d’entretiens semi-directifs, conduit à mener plusieurs investigations : auprès des contrôleurs de gestion, censés concevoir et implémenter les outils de contrôle de gestion ; auprès des professionnels de santé qui, du fait de leurs responsabilités, se trouvent confrontés à ces outils (médecins chefs de pôle, directrice des soins, cadres et cadres supérieurs de santé) ; auprès des personnels administratifs qui, dans une logique gestionnaire, sont également confrontés au contrôle de gestion (attachés de pôle et directeurs référents de pôle).
La recherche présente plusieurs intérêts. D’une part, elle explore le rapport de différentes catégories de personnels au contrôle de gestion, venant ainsi compléter la littérature en contrôle de gestion sur le secteur de la santé, qui s’intéresse majoritairement aux médecins. D’autre part, elle mobilise à la fois la psychodynamique du travail et la clinique de l’activité, peu utilisées en sciences de gestion. Enfin, elle questionne l’impact du contrôle de gestion, se demandant si celui-ci n’aurait pas des conséquences variables sur les conditions de travail des professionnels de santé (souffrance, bien-être, épanouissement).

Sonia Benkhelifa : La rencontre en psychiatrie. De la reconnaissance à la possibilité d’existence

Thèse démarrée en 2016, sous la direction de Jean-Philippe Pierron et de Jean Naudin

Le sujet de cette thèse est celui de la rencontre entre le soignant et le patient présentant des troubles psychotiques. L'hôpital dans sa fonction d'accueil, pourrait être considéré à maints égards comme le lieu presque paroxystique de la rencontre. Or, a-t-elle toujours lieu ? La rencontre peut être considérée comme ce qui nous échappe et pour autant elle peut constituer ce que nous visons en tant que soignant. Elle n'est en tous les cas jamais sans engagement, ni ébranlement. Elle est énigme, mystère, elle est un évènement qui parfois n'apparaît pas, n'advient pas. Elle serait même au fondement même de l'altérité. Elle est ce qu'il nous faut tenter de rendre possible à ceux qui n'y ont pas accès de prime abord ; du fait de leurs troubles.
Le contexte, les enjeux, les éléments psychopathologiques à l’œuvre dans cette problématique de la rencontre ferons l'objet d'une attention particulière. Les freins, les écueils, les impossibilités à cette rencontre devront être identifiés. Un cheminement de la rencontre, dans son sens "classique" à l'hôpital, vers la rencontre dans son acception tant philosophique que phénoménologique sera retracé. Une analyse de la littérature centrée sur les apports de la philosophie du soin, de l'éthique, de la phénoménologie et de la psychiatrie phénoménologique, appuyera une analyse de la clinique et donc au quotidien de l'homme face à un autre homme en souffrance.

Margaux Dubar : Homo addictus. Dépendance et chute : Pascal et Malebranche sur le terrain

Thèse démarrée en 2018, sous la direction de Jean-Philippe Pierron et de Delphine Antoine-Mahut

Ce travail de recherche vise à interroger la compréhension contemporaine des phénomènes d’addiction, en amont des cadres interprétatifs et explicatifs de la médecine comme de la psychologie, à partir des œuvres de Pascal et de Malebranche, qui ont en commun d’avoir conçu, au XVIIe siècle, une anthropologie de la chute. La condition de l’homme dépendant qu’ils décrivent et critiquent peut être recontextualisée pour révéler aussi bien l’actualité de ces penseurs classiques que l’intemporalité des problèmes de dépendance. Après une formation classique en histoire de la philosophie, la doctorante cherche à reconstituer, à travers diverses observations en situation et différents témoignages individuels, ce que serait l’expérience commune de l’addiction aujourd’hui. Les matériaux issus de plusieurs études de terrain (hôpital de jour, association d’entre-aide, bar, etc.) constitueront, au même titre que les textes pascaliens et malebranchistes, les fondements de cette thèse.

Teresa Valderas : Quelle valeur de la coordination dans le système de soins ? Le cas de la prise en charge de personnes atteintes de maladies de longue durée 

Thèse démarrée en 2018, sous la direction de Didier Vinot

Située dans le champ de l'étude des organisations, cette thèse s’intéresse à la valeur de la coordination dans les "systèmes de soins". Son enjeu est de proposer un modèle qui permette de mesurer la valeur de la coordination, tant du point de vue de l’organisation que de celui des patients vivant plusieurs épisodes de soins complexes.
Cette recherche s'appuie sur les notions de valeur et d’efficience. Dépassant le principe comptable d’équilibre coût/bénéfice, elle prend en compte d’autres types de paramètres intangibles. Bien que difficilement mesurables, ils entrent en jeu dans le calcul de la valeur de la coordination pour le patient, compris ici comme une personne avec une histoire et un projet de vie au-delà de son existence purement biologique.
Ce travail doctoral questionne les agencements conceptuels dominants actuels et les modes d’interprétation théoriques afin d’analyser leur capacité à reconnaître la singularité et l’historicité des objets du réel et investiguera les différentes situations de coordination, la qualité de la coordination existante au niveau de ces différentes situations de travail nécessitant une coordination, pour ensuite faire un inventaire des solutions de coordination et mesurer leur valeur du point de vue du patient.

Léonie Varobieff : "One health", aux frontières de l'imperceptible : naissance d'une nouvelle éthique de la relation. La crise de l'antibiorésistance, une invitation à repenser le soin. 

Thèse démarrée en 2019, sous la direction de Jean-Yves Madec (microbiologiste et vétérinaire) et Virginie Maris (philosophe)
Référent Lyon 3 : Claire Harpet

Cette recherche vise à considérer le phénomène d’antibiorésistance, crise de santé publique mondiale, dans sa dimension épistémologique et écologique. L'OMS, suite aux échecs de modifications des pratiques visant la diminution drastique des antibiotiques, préconise de "repenser" la santé. Non plus simplement qualifiant l'équilibre biologique du corps humain, mais portant désormais sur l'équilibre général du vivant et ses interactions. Cette dynamique nommée "One Health", nous invite à construire une nouvelle représentation de la santé au sein d'une écologie profonde, et nous engage parallèlement à repenser le soin, dans la médecine humaine comme vétérinaire.

Le phénomène de résistance des bactéries aux antibiotiques était prévisible, voire déjà prévu, sans que cela n’empêche notre médecine et notre élevage de venir antibio-dépendant. C'est la compréhension et la considération du vivant, même celui imperceptible, bien loin de nos anciennes représentations anthropocentrées qui conduit la philosophie à s'emparer de ce phénomène de société pour contribuer à renouveler et « rafraîchir » la pensée comme le disait Ricœur. C'est donc auprès des microbiologistes, médecins, vétérinaires, éleveurs, pharmaciens, chercheurs en sciences sociales, agronomes, juristes et politistes que cette thèse sera conduite. Elle entend ainsi contribuer à permettre l'émergence de pratiques durables, éclairées par une responsabilité partagée.

Ali Zaher : Impacting clinical results through the acquisition of Artificial Intelligence Skills.

Thèse démarrée en 2020, sous la direction de Didier Vinot

La gouvernance clinique est mise en œuvre dans un certain nombre de pays en tant que "stratégie clé" dans l'amélioration de la qualité de la santé. Étant donné l'importance de cette "stratégie clé", il est nécessaire de réduire au minimum les défis auxquels sont confrontées les ressources humaines de la santé (RHS) en raison de l'introduction de l'intelligence artificielle (IA) dans la gestion de la santé. Par conséquent, il est essentiel de développer les systèmes de formation en santé pour qu'ils englobent toutes les nouvelles compétences en matière d'intelligence artificielle. La présente étude vise à déterminer les mesures dans lesquelles l'IA modifie les compétences des professionnels de la santé, tels que les médecins et les infirmières, dans les systèmes de formation des ressources humaines de la santé. D'autre part, l'étude tend à mesurer l'impact de l'acquisition de compétences en IA sur les résultats cliniques. L'étude pourrait aider les agences gouvernementales et les établissements de santé à utiliser des systèmes de formation efficaces pour améliorer les résultats cliniques et minimiser la résistance et le manque de RHH dans le travail avec la technologie d'IA. La contribution de la recherche se fera avec la collaboration de trois facultés de médecine et de trois hôpitaux universitaires en France, en Chine et au Canada. Cette approche apporte une contribution significative à la littérature émergente sur l'IA-HRH.

Clinical governance is being implemented in a number of countries as a “key strategy” in health quality improvement. Given the importance of this “key strategy”, there is a necessity to minimize the challenges that Human resources of health (HRH) face due to Artificial Intelligence (AI) introduction in health management. Therefore, it is essential to develop the health training systems to embrace all the novel AI skills. The present study aims to investigate in which measures AI changes skills of Health Care (HC) professionals, such as doctors and nurses in HC training systems. On other hand, the study tends to measure the impact of AI skills acquisition in clinical results. The study could help government agencies and healthcare institutions to employ effective training systems to improve clinical results and to minimize HRH resistance and shortage in working with AI technology. The research academic contribution will be done with the collaborations of three medical faculties and three university hospitals in France, China and Canada. This approach adds a significant contribution to AI-HRH emerging literature.

Valentine Levacque : facilitation et gouvernance : acheminement vers le collaboratif. La question de l’impact sociétal de la facilitation de processus collaboratifs en vue du bien commun.

Thèse démarrée en 2020 sous la direction de Jean-Philippe Pierron et Cécile Renouard

Ce travail de recherche porte sur l’impact sociétal de la facilitation de processus collaboratifs. Introduite en France par les mouvements de transformation des entreprises depuis la fin des années 1980, la facilitation valorise de nouvelles alternatives de collaboration pour repenser le travail en privilégiant le « faire avec », « faire ensemble ».
La thèse prend pour point de départ une observation de terrain des pratiques de facilitation. En s’intéressant à la complexification des interactions sociales, aux modalités de gouvernance des organisations et aux méthodologies de facilitation, ce travail vise à répondre à la question suivante : dans quelle mesure la facilitation peut-elle contribuer à des modèles de gouvernance et de stratégies soucieuses du bien commun ?
En faisant l’hypothèse d’une diversité des finalités de la facilitation (à la fois comme outil de gestion et comme cheminement vers autrui), la facilitation semble faire partie d’une éthique reconstructive qui permet de reconnaitre les participants et de changer les rapports au pouvoir. Quid des tensions entre l’idéal éthique de conditions favorables de la facilitation et l’opérationnalité dans les entreprises pétries de luttes de pouvoirs et de violence ?
Ce travail questionne donc l’impact et les synergies apportées par la facilitation de processus collaboratifs sur la gouvernance d’une institution ; et plus particulièrement, comment la facilitation participerait à une politique vers le bien commun.

Maud Degruel : Rôle écobiographique de l'expérience (a)esthétique au travail
Relier les sens et le sens à l'épreuve pragmatiste de la philosophie de terrain

Thèse démarrée en 2021, sous la direction de Jean-Philippe Pierron
 
Ce projet de recherche porte sur l’expérience de travail dans sa dimension sensible. Il ambitionne de saisir en quoi l’expérience esthétique – au sens d’aesthesis, de perception par les sens –, permet d’avoir accès à une forme de sens qui demeurerait imperceptible si l’on s’en tenait à une approche rationnelle et analytique du travail.
Partant du constat que le travail, dans sa dimension expérientielle, tend à l’invisibilité sous les effets de mise à distance par des systèmes de gestion omniprésents et souvent immatériels, cette recherche vise, au travers d’une enquête sur le terrain des organisations du travail, à faire émerger ce qui se noue dans le travail entre les sens et le sens ; à entrevoir comment donner corps au travail comme expérience esthétique individuante, partageable et partagée.
Dans la lignée des travaux de Dewey, cette enquête tente de discerner en quoi le point de vue pragmatiste sur l’expérience esthétique, vue comme forme la plus accomplie de l’expérience ordinaire, peut révéler une dimension du travail encore peu explorée par les sciences humaines. Afin d’en saisir au mieux la substance dans la pratique, les méthodes d’observation, de recueil et d’analyse verbales seront enrichies de dimensions plus poétiques et sensitives. Il s’agira d’élaborer une forme de connaissance sensible pour mieux comprendre en quoi l’expérience esthétique pourrait constituer une forme d’écobiographie au travail, c’est-à-dire un mode de relation vivant et individuant à son milieu de travail, humain, naturel et technique, matériel et immatériel.
L’horizon de cette thèse, de ce travail d’attention, porte ainsi à regarder et à penser le travail sous un autre jour pour en dégager de nouvelles possibilités d’expérience, pour le revitaliser comme mode de construction individuelle et collective.

Célia Sondaz : Vulnérabilité sanitaire et surchauffe urbaine : la modélisation énergétique et thermo-physiologique à l’épreuve des représentations et des comportements sociaux

Thèse démarrée en 2021, sous la co-direction de Frédéric Kuznik Lucie Merlier et Claire Harpet

Les vagues de chaleur sont de plus en plus intenses et fréquentes et ces événements ont des conséquences sanitaires importantes notamment en zones urbaines denses, via l'effet d'îlot de chaleur urbain. L'objectif de ce projet de recherche interdisciplinaire est d’étudier les enjeux sanitaires liés aux surchauffes urbaines à l’échelle de l’individu, et de comprendre les représentations sociales associées ainsi que les facteurs de vulnérabilités.
Dans cette optique, deux méthodologies sont mises en regard pour identifier leurs apports respectifs : i) la modélisation et la simulation numérique des ambiances thermiques intérieures et des réactions thermophysiologiques associées (diffusion de la chaleur dans le corps et thermorégulation), ii) l’analyse des représentations sociales et des pratiques de tolérance et d'adaptation à la chaleur via des enquêtes de terrain. Ce travail de terrain vise à mettre en évidence les facteurs socioculturels qui participent aux ressentis et aux réactions à la chaleur ainsi qu'à questionner la notion de vulnérabilité.
Ce projet s'intéresse plus spécifiquement aux femmes âgées, particulièrement sensibles et vulnérables aux fortes chaleurs, et propose de comparer trois modes d’habiter - des logements en EHPAD, en habitat classique et dans une résidence partagée en milieu urbain dense. Un intérêt plus particulier sera porté sur les questions d'autonomie et de capacités d’adaptation et d’anticipation des personnes sur les conséquences sanitaires des périodes de forte chaleur.

Iliass Kanbar, Innovation inversée dans le champ sanitaire : une analyse par la théorie de la capacité d'absorption

Thèse démarrée en 2022, sous la direction de Didier Vinot

L'innovation inversée a été identifiée comme une tendance émergente clé dans les systèmes de santé mondiaux, non seulement parce que les bonnes idées existent au-delà des frontières, mais aussi parce que les contextes à faibles ressources sont propices aux innovations à fort impact qui sont développées par nécessité. L’innovation inversée appliquée à la santé a atteint un stade de développement mature si on la compare avec d’autres secteurs. Les régions qui ont connu les avancées les plus massives en développement de la e-santé et en télémédecine sont l’Afrique et l’Inde. Certains travaux de recherche quant à l’innovation inversée se sont intéressés aux multinationales. Or cette stratégie d’innovation permet d’enrichir les débats sur l’entrepreneuriat et sur l’accès à l’innovation à des acteurs moins favorisés, comme les PME ou les start-ups. S’appuyant sur la théorie de la capacité d’absorption, cette recherche vise à comprendre comment les innovations en santé sont créées par des start-ups dans les pays en développement/émergents et intégrées et diffusées dans un pays développé. Elle vise également à renouveler le regard sur les outils à la disposition de ces organisations pour surmonter les obstacles auxquelles elles peuvent être confrontées eu égard à leur taille et à leurs ressources internes. Présenter pour les décideurs des critères pour évaluer l'impact potentiel des innovations inversées en santé est également un résultat escompté.

Aurore Toulou, Les Solutions fondées sur la Nature (SfN) en milieu urbain au cœur d'un système Microclimat – Biodiversité - Humain : vers une analyse systémique de leur performance effective au prisme de l'approche One Health

Thèse démarrée en 2022, sous la direction de Lucie Merlier, Bernard Kaufmann, Frédéric Lefèvre et Claire Harpet

Les enjeux –énergétiques, économiques, environnementaux et sanitaires – liés aux surchauffes urbaines, remettent au premier plan la nécessité d’adapter les villes, notamment en y intégrant des solutions de rafraichissement urbain fondées sur la nature (SfN). Les SfN, ou solutions vertes et bleues, se différencient des solutions grises et douces de rafraichissement urbain, par le recours au végétal et à l’eau. Ce sujet de thèse concerne l’étude des solutions vertes, et plus particulièrement des espaces végétalisés au sol, tels que les arbres d’alignement, les parcs, ou les jardins.
Outre les effets sur le microclimat, les SfN ont également des impacts, à la fois positifs et négatifs, sur l’environnement (cycle de l’eau et qualité de l’air et des sols), la biodiversité, la santé et le bien-être de l’homme. Réciproquement, l’état de ces solutions dépend des propriétés du lieu, des conditions microclimatiques urbaines, de leur entretien et des usages locaux. Elles sont ainsi le siège d’interactions physiques complexes mais également d’usages, qu’il convient d’évaluer pour attester de leur performance globale. Bien que certaines de ces interactions soient documentées, les approches sectorielles traditionnelles conduisent en général des études unilatérales. L’objectif de cette thèse est alors de développer un cadre d’analyse systémique et interdisciplinaire pour permettre l’évaluation intégrée de la performance des SfN. Basée sur l’approche « One Health », la SfN est placée au cœur d’un système {Microclimat / Biodiversité / Humain} et les interrelations entre ces trois différents composants sont étudiées pour identifier leurs services mutuels concourant à définir l’état « d’une seule santé » du système.
L’approche se veut interdisciplinaire associant micro climatologie urbaine, anthropologie et écologie. Elle vise à hybrider plusieurs méthodes de recherche, comme la modélisation microclimatique numérique, les observations participantes ou l’inventaire botanique. La méthodologie se décline en deux axes principaux, la construction du cadre d’évaluation One Health, suivie de son application sur un terrain réel de la métropole de Lyon.