Le soin en démesure

Présentation

Pour révéler la teneur du travail du soin et la valeur intrinsèque du soin, non mesurable, des méthodes de recherche renouvelées sont nécessaires, tenant compte de l’activité réelle, fondée sur la relation de soin, et du contexte actuel des pratiques.

Pourquoi et comment objectiver la relation de soin ? Les enjeux économiques seuls devraient-ils guider la construction d’outils de mesure en santé, afin d’affecter le plus équitablement possible les ressources publiques ? L’evidence-based medicine ou EBM serait-elle seule à avoir la vraie mesure de toute chose ? Ce livre répond à ces questions en déterminant quelles méthodes de recherche sont mieux à même de révéler le travail du soin, inscrit dans les organisations de santé. Approfondissant l’étude de ce qui fait sens et valeur dans ce travail, il fait suite aux livres Les valeurs du soin et Travail du soin, soin du travail.

Les auteurs, chercheurs et universitaires spécialistes des questions de la santé, présentent et proposent des méthodes de recherche en santé renouvelées. Les pratiques institutionnelles, notamment médicales et gestionnaires, se situent en effet aujourd’hui dans des impasses pour mesurer les activités de soins qui touchent à ce qui est imperceptible, invisible ou chargé d’affects dans la relation de soin. Des approches qualitatives du soin sont ainsi nécessaires pour mieux faire dialoguer chercheurs, praticiens, gestionnaires et décideurs.

Réaffirmant avec force la valeur intangible du soin, cet ouvrage fournit un espace de réflexion sur les enjeux éthiques de l’évaluation des pratiques de soins. Sur le plan politique et sociétal, il s’agit de s’évertuer à retrouver une juste mesure du soin, les protocoles normalisés ou le seul recours aux données chiffrées risquant d’invisibiliser sa part non mesurable. Sur le plan des méthodes, il s’agit de traduire qualitativement une relation de soin au plus près de ceux qui la vivent.
 

Sommaire

PREMIÈRE PARTIE – Immersions. Prendre la mesure des terrains.

• Le chercheur en contextes de soins palliatifs : l’art comme méthode (Fabien Canolle)
• Appréhender les « mécanismes attentionnels » : un autre regard sur les réalités hospitalières (Cyrille Mennessier, Annick Valette)
• Donner sa place à l’expérience du patient dans la recherche clinique. La méthode IPSE (Inductive Process to analyze the Structure of lived Experience) (Laurence Verneuil, Jordan Sibeoni, Émilie Manolios, Jeanne Mathé, Jean-Pierre Meunier, Anne Revah-Levy).

DEUXIÈME PARTIE – Transitions et démesures. Vers la fin des outils.

• Narration et (é)valuation comptable en organisation de santé (Célia Lemaire)
• Pour prendre soin : instituer le dialogue à partir des conflits de critères vécus (Bernard Prot)
• En-quête pragmatiste du sensible (Maud Dégruel)
• Le traitement automatique du langage : nouvelle piste prometteuse pour comprendre l’expérience patient (Guillaume Rousson)
• L’expérience patient : replacer l’acteur au cœur du système (Marion Crubezy, Philippe Michel, Julie Haesebaert)
• Vers une amélioration des méthodes de recherche en santé fondées sur les « technologies personnelles » (Katarzyna Wac, Benoit Bediou, Renzo Bianchi)
• La philosophie des sciences de terrain au service de l’interdisciplinarité : proposition d’une analyse réflexive des projets scientifiques (Romain Sauzet)
• Philosophie de terrain en France et à l’étranger : une proposition de dialogue méthodologique (Brenda Bogaert, Margaux Dubar).

TROISIÈME PARTIE – Positions. Pour d’autres territoires de la mesure.
Peut-on estimer un travail inestimable ? La reconnaissance de ce qui compte pour vivre une vie vivable (Pascale Molinier)
Peut-on dire et penser sans nuire ? Les enjeux d’une éthique de la parole dans la recherche (Jean-Philippe Bouilloud)
 

Coordinateurs

Fabien Canolle, Jean-Philippe Pierron et Didier Vinot